Parution journal le Monde – la lune et le bannanier

Réalisation Daniel Serre (France, 2011). 55 mn.

D’un côté Golam, en fuite après avoir été condamné à 5 ans de prison pour avoir coupé un arbre sur ses terres. Des terres nouvellement intégrées et « protégées » à l’intérieur du parc national de Masoala (dans l’île de Madagascar), qu’il n’a donc plus le droit de cultiver. D’un autre côté, de grandes firmes s’appuyant sur des réseaux mafieux pour mener un florissant trafic de bois précieux à l’intérieur de ce même parc, l’ébène il y a quelques années, le bois de rose actuellement.
Entre les deux, le très officiel plan d’action de Madagascar, l’un des premiers d’Afrique, vanté au prêt des ONG pour avoir été bâti avec et pour les communautés qui vivaient sur ces terres… Alors que ce documentaire de Daniel Serre, La Lune et le Bananier (produit par Jangal Films), tend à prouver que les paysans ont vu leurs terres confisquées, souvent sans indemnisation, et les règles de préservation du parc appliquées parfois de manière intraitable à leur encontre.
Au-delà du cas emblématique de Madagascar, la Lune et le Bananier révèle avec clarté les contradictions internes de nombreux projets environnementaux. D’un point de vue global les ONG étrangères et riches, soucieuses de protéger la biodiversité et édictant des mesures de préservation drastique auprès des autorités nationales pour justifier leur financement. D’un point de vue local, des paysans chassés de leur terre et de leurs lieux ancestraux de culte, et qui plus est soumis à une justice environnementale mise en œuvre par des forces locales corrompues.
C’est ainsi qu’à l’image de la lune, la forêt primaire du parc perdurera, unique et dépeuplée, alors que les bananiers qui y poussaient aussi auraient pu nourrir toute une descendance.

Martine Delahaye

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